Cartographie participative et GPS

Objectifs potentiels

  • Initier ou contribuer à instaurer un dialogue entre les communautés et le gouvernement
  • Fournir aux gouvernements des preuves concrètes pour les inciter à reconnaître les terres autochtones
  • Soutenir les communautés en leur apportant et en leur présentant des connaissances

Cette introduction est issue du Guide introductif à l’utilisation de la technologie pour suivre l’évolution et partager des informations sur la forêt tropicale et les droits des peuples forestiers. Il fournit un point de départ aux organisations et activistes désireux d’intégrer des technologies en appui à leurs actions de plaidoyer, et est le fruit d’un partenariat entre la Rainforest Foundation Norway et The Engine Room.

Rainforest Foundation Norway The Engine Room

Téléchargez le guide introductif complet (1,6 MB pdf), ou consultez le en ligne ci-dessous.

Qu’est-ce que la cartographie participative ?

  • La cartographie participative (ou cartographie communautaire) recueille des informations auprès des habitants d’une région sur l’utilisation des terres et les pratiques des communautés locales.
  • L’information est collectée principalement de deux manières : à travers une consultation directe de la communauté ou en lui fournissant des outils pour consigner ses connaissances.
  • Ces informations sont utilisées pour créer des cartes qui utilisent les termes et les définitions en usage dans la communauté, en complément des cartes officielles.

Quelle en est l’utilité ?

La cartographie officielle et les registres de propriété (cadastres) tiennent généralement comptent uniquement de la classification « officielle » des terres. Ils reconnaissent rarement d’autres utilisations des sols par des peuples qui ont vécu sur ces terres parfois bien avant les premières cartes officielles. Ces cartes posent problème dans les zones forestières où il est difficile de tracer des lignes géographiques claires. La cartographie participative contribue à montrer l’utilisation concrète d’une zone géographique, à la comparer avec les cartes « officielles » et à en utiliser les informations à l’appui des demandes de reconnaissance du droit à la terre des communautés.

Outils

Il existe de nombreuses manières de réaliser une cartographie participative, couvrant une vaste gamme d’outils technologiques et de conditions d’accessibilité. La technique adéquate dépend des ressources disponibles et des préférences de la communauté. Voici quelques exemples:

  • Mener des entretiens au sein des communautés sur l’utilisation des terres, sur leur vision du territoire et de son écosystème. Laisser le choix des moyens aux communautés : la narration orale, les dessins sur du papier ou à terre.
  • Imprimer des cartes officielles de la zone, en expliquant leur lien avec les communautés, puis leur demander d’y ajouter des informations additionnelles. Une méthode plus sophistiquée consiste à produire une réplique du territoire en 3D.
  • Equiper les communautés avec des traceurs GPS pour enregistrer des informations en marchant à travers la zone. Les données peuvent être ajoutées aux cartes officielles par superposition.

Coûts

La cartographie participative exige un investissement important dans la formation et le soutien aux travailleurs de terrain. Ces derniers jouent un rôle essentiel pour présenter l’activité, enseigner aux communautés à interagir avec les cartes, et s’assurer que tous les représentants des communautés la comprennent. Produire des cartes et y faire figurer les informations recueillies demande des compétences dans le domaine des SIG afin de prendre des mesures précises et à l’échelle. Les traceurs GPS ne sont pas des appareils coûteux, mais exigent aussi un apprentissage. Les marques les plus utilisées, comme Garmin et Magellan, proposent des localisateurs GPS à partir de 100 dollars US. De plus, la plupart des Smartphones d’entrée de gamme ont des fonctionnalités GPS.

Risques et difficultés

La cartographie participative recueille des informations sur les endroits où vivent les communautés et sur les zones dans lesquelles les ressources sont les plus nombreuses. Les entreprises peuvent potentiellement en retirer des avantages personnels. La cartographie peut aussi poser des problèmes aux communautés : elles peuvent être plusieurs à utiliser les mêmes terres, ou les points de vue peuvent varier au sein d’une même communauté. Afin de trouver la réponse à ces situations, il convient d’en appréhender le contexte en consultant le plus de membres possibles et de toujours tenir compte des différences entre les sexes.

Études de cas

Cartographie participative au Cameroun

Le Programme Forest Peoples, le Centre pour l’environnement et le développement (CED) et Planet Survey ont mis en place un programme pour la communauté Bagyeli du Cameroun visant à cartographier leurs terres et leurs ressources par l’apprentissage de la collecte de données GPS. Les cartes issues du programme ont permis à 14 communautés Bagyeli de la région de Bipindi de voir leur droit à la terre reconnu. Elles ont aussi contribué à la négociation d’accords sur les limites territoriales des communautés.

Quelle utilité?

  • Des membres illettrés des communautés ont pu utiliser des appareils mobiles modifiés qui utilisent des icônes à la place du texte.
  • Les communautés ont déclaré être plus conscientes du pouvoir des cartes à l’appui de leurs revendications territoriales.
  • Les cartes ont été un outil de plaidoyer efficace avec les organisations de conservation et les sociétés d’exploitation forestière occidentales (elles ont toutefois eu moins d’effet auprès des entreprises locales).

Évaluation du braconnage au Congo

En 2013, les chasseurs cueilleurs Mbendjele ont travaillé avec le groupe de recherche ExCiteS du University College de Londres à la collecte de données pour mesurer les actes de braconnage à l’aide d’une application Android. Le projet a utilisé le téléphone Samsung Galaxy X Cover et une version modifiée de Collect de l’Open Data Kit qui utilise des icônes à la place du texte. Afin de minimiser les risques pour les observateurs d’être surpris par les braconneurs, un simple procédé de verrouillage automatique a été installé sur les téléphones pour pouvoir dissimuler la fonction de l’application.

Quelle en a été l’utilité?

  • Le projet a développé des relations étroites depuis 2005 avec les Mbendjele impliqués dans la collecte de données, qui ont été impressionnés de l’intérêt qu’ont porté les entreprises d’exploitation du bois aux cartes qu’ils avaient produites.
  • Les observateurs ont appris à maîtriser l’utilisation des fonctions audio, photo et vidéo et ont enregistré des images de haute qualité. La conception robuste des téléphones leur a permis de fonctionner idéalement en milieu forestier.
  • Le projet a utilisé le Hatsuden Nabe, une casserole qui convertit l’énergie thermique du feu en électricité et permet de recharger les téléphones (60% de charge en 90 minutes). Des panneaux solaires ont aussi été utilisés par les observateurs lorsqu’ils n’étaient pas sous la canopée.
  • Bien que les réseaux de communication ne soient pas disponibles en pleine forêt, les observateurs ont pu transférer les informations par SMS ou internet 3G en se rendant dans des villes voisines.

À propos

Ce site a été créé par la Rainforest Foundation Norway et The Engine Room comme introduction à l’utilisation de la technologie pour suivre l’évolution et partager des informations sur la forêt tropicale, le droit à la terre et les droits des peuples forestiers. Téléchargez le guide introductif complet ici.

Rainforest Foundation Norway (RFN) est une organisation phare au niveau mondial dans protection des forêts tropicales basée sur les droits. Elle a pour mission de soutenir les peuples autochtones et les communautés traditionnelles vivant dans les forêts tropicales à travers le monde dans la protection de leur environnement, et d’assurer le respect de leurs droits en les aidant à:

  • Sécuriser et contrôler les ressources naturelles nécessaires à leur bien-être à long terme, et gérer ces ressources d’une manière qui ne nuise pas à leur environnement, ne porte pas atteinte à leur culture et ne compromette pas leur avenir;
  • Développer les moyens de protéger leurs droits individuels et collectifs et obtenir, adapter et contrôler les services de base fournis par l’état.

RFN collabore étroitement avec plus de 70 organisations locales et nationales œuvrant à la protection de l’environnement, des droits des peuples autochtones et des droits de l’homme dans 11 pays d’Amazonie, d’Afrique Centrale, d’Asie du Sud-Est et d’Océanie.

Auteurs

The Engine Room est une organisation internationale qui aide les activistes, les organisations de promotion du changement social et les acteurs du changement à tirer parti des données et de la technologie pour accroître leur influence. The Engine Room offre un soutien direct aux projets des organisations de promotion du changement social; fédère les communautés afin de coordonner les idées émergentes et d’identifier des spécialistes ; et publie des recommandations étayées pour aider tous les membres du secteur à prendre les décisions adéquates pour l’utilisation des données et de la technologie.

Tom Walker et Tin Geber ont effectué les recherches et rédigé les éléments principaux de l’ouvrage, et Ruth Miller a réalisé la mise en page et la conception graphique du document. Les contributions et les corrections apportées par Vemund Olsen et Christopher Wilson ont été d’un soutien inestimable. Le code source du site est disponible sur Github. Des commentaires ou des questions ? Écrivez à post@theengineroom.org ou à rainforest@rainforest.no.


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